Trois Poires, vers 1888–90
Dans les années 1860 et 70, Cézanne entretenait des relations avec d’autres artistes de sa génération tels que Monet, Renoir, Degas et plus étroitement avec son mentor, Camille Pissaro. Dans les années 1880 en revanche, il menait une vie plus retirée, centrée autour de sa maison d’Aix. Ainsi, sa première exposition à la galerie Ambroise Vollard en novembre 1895 qui exposait ce tableau, fut une révélation pour la nouvelle génération d’avant-gardistes et de critiques ainsi que pour les compagnons de sa jeunesse. Renoir et Degas tombèrent tous les deux si amoureux des Trois poires qu’ils furent forcés de tirer au sort pour déterminer lequel d’entre eux achèterait le tableau. Pissaro décrivit leurs réactions à l’exposition dans cette lettre à son fils Lucien, datée du 21 Novembre 1895:
Je pensais aussi à l’exposition Cézanne où il y a des choses exquises, des Natures mortes d’un achevé irréprochable, d’autres très travaillées et cependant laissées en plan, encore plus belles que les autres, des paysages, des nus, des têtes inachevées et cependant vraiment grandioses, et si peintre, si souples… […] Ce qu’il y a de curieux pendant que j’étais à admirer le côté curieux, déconcertant de Cézanne que je ressens depuis nombre d’année, arrive Renoir. Mais mon enthousiasme n’est que de la Saint-Jean à côté de celui de Renoir, Degas lui-même qui subit le charme de cette nature de sauvage raffiné, Monet, tous… […] Degas et Monet ont acheté quelques Cézanne magnifiques, j’ai échangé une pauvre esquisse de Louveciennes contre une admirable petite toile de baigneurs et un de ses autoportraits.